Time Out

Encore un intéressant film de science fiction, merci aux vacances et à Amazon Prime...

J'ai regardé donc "Time Out"; aucun spoiler à craindre dans cet article.

Comme le précédent dont j'ai fait part ici, c'est loin d'être le film de l'année, le jeu des acteurs est à la limite de l'embarrassant, l'idée a été sous-exploité, le dialogue est généralement faible, et l'histoire tourne au mievre dans la seconde partie....mais et c'est un gros mais, le scénario est intéressant et original, et la société qu'il dépeint m'a vraiment happé, ce serait je pense un excellent livre.  Certains personnages sortent aussi du lot, comme le "flic du temps" et j'ai bien aimé aussi le gangster. 

 

L'argent a disparu pour être remplacé par le temps.  A partir de 25 ans, l'être humain cesse de vieillir, mais il n'a que 365 jours crédités sur son compteur, manifesté par un horloge proprement biologique, intégré dans le bras et qui marque un incessant compte à rebours.  Dès 25 ans, donc, il faut gagner du temps.  Tout est payé en temps - un café coûte quelques minutes, un trajet en taxi une heure...Deux personnes se transfèrent du temps en apposant les bras dessous-dessus, ce qui veut dire que le temps peut être donné, prêté, emprunté, volé.... Si le compteur tombe à 0, c'est la mort, immédiate et définitive.

La ville est scindée en "fuseaux horaires" et il faut acquitter un péage pour passer, qui varie d'une demie-heure pour la périphérie à une année complète pour le centre-ville, là où vivent les riches qui ont des millénaires au compteur.  Le temps est créé par des banques, comme l'était l'argent d'autrefois.

Bien évidemment la société est organisée par la classe dominante afin que la multitude court littéralement après le temps.  On ne sait pas trop pourquoi c'est ainsi, l'explication donnée n'est pas convaincante, mais peu importe, c'est comme ça et c'est l'un des aspects du film que j'ai trouvé le plus prenant.  La pauvreté économique est un lent spiral, qui finit toujours mal mais à un moment indéfini; dans ce monde desespéré on mesure très précisément sa pauvreté et on sait exactement quand ça se terminera.  Triste ironie, les gens pauvres, qui n'ont rarement plus d'une journée au compteur, passent leurs temps à regarder défiler leurs compteurs...Comme le dit avec drôlerie le personnage principal, on ne fait pas souvent la grasse matinée...

Voilà, les possibilités de traduire ce concept dans un jeu de figurines sont nombreuses.  Je pencherai plutôt pour un univers fantastique, où le temps est en quantité finie mais mesurable (70 ans pour chaque être humain, plus ou moins pour des créatures ou monstres et manifesté par la couleur des yeux ou de l'aura par exemple), et où vivre plus longtemps est donc toujours au dépens de quelqu'un d'autre.  Le temps ne serait pas l'argent, mais en revanche ce serait la source d'alimentation de la magie.  Il est possible d'imaginer les "sorciers noirs" qui volent le temps aux êtres pour alimenter leur vie et leur pouvoir; les "sorciers gris" qui augmentent leur pouvoir au dépens de leur propre durée de vie; et les "sorciers blancs" qui arrachent du temps gratuit au flux du chaos, non sans coût pour eux-mêmes, puis le distribuent ou le conservent.  D'autres encore qui piochent dans le temps d'autres plans d'existence, évitant certes l'exploitation de leur propre monde, mais semant la mort dans ces dimensions parallèles et éveillant la colère de ses occupants (démons ?).  Des nécromanciens, quant à eux, chercheront à subtiliser le temps de ceux morts "avant l'heure", c'est à dire péris d'une mort violente.  Ajoutons à cela des objets pour thésauriser le temps et éviter sa perte si le détenteur meurt violemment, peut-être même collectivisé au sein des villages en temps de famine ou de guerre.  Le choix sans cesse cornélien pour ceux qui cherchent à entrer dans la classe dominante, entre augmenter son pouvoir, ou augmenter sa durée de vie ou celle de ses proches.  Un altruisme pur qui consiste à donner littéralement de sa vie pour les autres.  La crainte de dépossession et donc la violence de ceux qui possèdent des millénaires.  Les tensions dans les grandes familles, où l'on voit l'aieul consommer littéralement l'héritage.  Le "grand don", similaire à l'affranchissement en masse des esclaves dans la société romaine à la mort du maître, ici le maître, fatigué de vivre, distribue son temps entre son entourage.  Le poids d'un parent millénaire qui refuse de mourir.  Les religions qui exploitent la crédulité des masses pour leur encourager à donner leur temps et mourir plus tôt pour accéder au paradis.  Des actes d'évergétisme où un noble riche en temps, en fait donc à la collectivité, moyennant bien sûr le renforcement de sa position sociale.

Bref, il y a ici une riche potentielle...